Le Jockey
Par Louc le mercredi, décembre 5 2007, 22:36 - contes - Lien permanent
J'ai écrit ce texte en juin dernier, pour une rédaction, la septième
Installation
Alors que nous emménagions, ma mère et moi, dans un petit village du nom de
Joitroux, nous dûmes faire plusieurs travaux dans notre nouvelle maison. Un ouvrier
vint pour les effectuer. Ce jour-là, il eut besoin de plâtre, pour une raison quelconque,
comme reboucher des trous dans un mur.
Ma mère me proposa alors d’aller en chercher, puisque j’étais devenu « une grande
personne de 12 ans ». Même si cela ne m’enchantais guère de parcourir 2 kilomètres,
j’adorais courir, j’étais dans les meilleurs à ce sport. J’acceptai donc et partis
sans un mot, mais ventre à terre.
Je passais devant mon nouveau collège, un grand bâtiment basique avec quelques
fenêtre, une grande cour de récréation. Quelques mètres plus loin, je découvris une
vieille maison, entourée d’un mur de pierre. En fait, celles-ci étaient posée les unes
sur les autres, semblant tenir toutes seules : « Elles ont l’air d’avoir vraiment besoin
de plâtre, elles aussi », me dis en continuant ma course.
A la grande surface, je fis ma commande.
- Je voudrais du plâtre s’il vous plaît
- Cinq ou dix kilos ?
- Euh, plutôt cinq kilo.
Ce serait sûrement moins lourd à porter. Je n’avais pas songé au retour, courir avec
un gros sac de plâtre sur le dos n’allait pas être facile.
- Garçon, voilà ton plâtre, cela te fera 13,45 euros.
Je ne suis pas petit !
Je repartis après avoir payé. Je repassai devant la vieille maison, puis devant le collège,
qui m’attendait le lendemain pour ma première journée. Arrivé chez moi,
l’ouvrier me prit le paquet et me remercia d’un :
- Merci mon p’tit
- Je ne suis pas petit.
- Merci demi-portion, se moqua-t-il
- Ch’uis pas une demi-portion non plus. C’est vrai, pour mon âge, je n’étais pas très
grand. Mais ce n’était pas une raison.
Ma mère nous interrompis : « Tu es enfin revenu. Je t’attendais. J’ai pris rendez-vous
chez le coiffeur. Il faut que je refasse ma teinture. » Et elle partit. Depuis la mort de
mon père, elle était comme ça ma mère. Elle s’occupait d’elle, mais pas comme il
faut. Et moi, je me débrouillais.
Elle revint du coiffeur, et s’installa dans le jardin pour se manucurer les ongles. Puis
elle s’enduit d’autobronzant passa le reste de la journée dans sa chaise longue à
prendre le soleil. Le soir, je mangeai les pâtes et le steak que j’avais préparés. Ma
mère ne mangea rien car elle trouvait que ce n’était pas bon pour sa ligne. Ensuite,
elle me laissa regarder la télévision jusque vers 23 heures.
Premier jour de collège
Drrrringgggg. Quoi ! Le réveil ! Déjà ! Ce matin là, j’eus une grosse envie de pulvériser
mon réveil, mais surtout d’aller au petit coin. Je me levai en râlant. Puis je me
dépêchai de prendre mon petit déjeuner et de m’habiller. Je fis une bise à ma mère
et filai vers le collège. A la grille de celui-ci, une groupe de filles de mon âge, très
maquillées, me regardaient en souriant. J’entrai dans la cour en inspectant les alentours.
Quand la cloche sonna, une fille s’approcha :
- T’es le p’tit nouveau ?
- Je suis LE nouveau. J’étais furieux. Elle me fit un grand sourire et s’excusa.
- Bah, c’est une façon de parler. Tu n’es pas grand, mais tu as l’air cool. Tu sais, je
peux te faire visiter si tu veux, et même te donner des tuyaux.
Elle avait l’air sympa, sauf quand elle me traitait de petit.
- OK, ça marche. Je m’appelle Lucas Thomsa.
- Et moi, Gabrielle Matisa. T’es dans quelle classe ?
- En 6 A je crois.
- Cool, on est ensemble.
- Ouais, cool ! Alors quels sont les gens à fréquenter et ceux à éviter ?
- La bas, tu vois, c’est les « têtes d’ampoules ».
- Ça veut dire quoi ?
- Ce sont ceux qui sont super intelligents. Je trouve cette expression complètement
nulle. Bon là, tu as les sportives, les garçons normaux, les basiques. Et puis là-bas,
près de la grille, les Barbies, Marion, Emilie et la minus, là, la plus jolie, c’est Lolita.
- Elle n’est pas si minus. Elle m’a fait coucou tout à l’heure.
- Elle doit te trouver à son goût alors. Allez viens. On va en français. On est avec M.
Liard. C’est le prof principal. Une vraie peau de vache. Il nous fait bosser.
La journée ne fut pas extraordinaire. J’ai reçu mes livres, les devoirs à faire, le cahier
de correspondance, mon emploi du temps… Bref tout ce dont j’avais besoin.
La vieille maison
A 16h30, la cloche sonna enfin notre libération. L’orage menaçait, il faisait presque
noir. La pluie commença à tomber bien fort et les premiers éclairs illuminèrent le
ciel. Tous les parents étaient venus chercher leurs enfants, les autres rentraient en car.
Mais moi, je devais me débrouiller. Ma mère était trop occupée. Je mis à courir. Mais
quand la grêle commença à me tomber dessus, je cherchais un endroit pour m’abriter.
Je pensais alors à la vieille maison.
Je courus vers elle, passai le vieux portail rouillé qui grinça aussi fort que nos escaliers.
Le jardin était complètement ravagé : c’était de la friche, des mauvaises herbes,
des flaques d’eau partout. La maison ne valait guère mieux. Il y avait des trous
dans la maçonnerie. J’entrouvris la porte. Je sentis une odeur humide, une horreur,
pire que les parfums de ma mère. Il y avait un grand couloir, le parquet grinçait, les
murs étaient miteux, le papier peint se décollait et un grand nombre des marches de
l’escalier étaient défoncées.
J’étais en train de me diriger vers lui quand une souris me coupa le passage. Je continuai
puis entrai dans une petite salle sur ma droite, à peu près vide, sauf une petite commode.
Les murs étaient plein de clous, il y avait dû y avoir beaucoup de tableaux. J’aperçus par
terre une ruban bleu blanc rouge. Je me baissais et pris le morceau de tissu dans mes
doigts. Comme il résistait, je tirai dessus. Et je reçus ce qui coinçais. C’était une médaille
sportive. Dessus, il y avait gravé : « Au meilleur coureur », avec un petit 1.
J’enfilai la médaille et continuai ma visite. Je montai l’escalier en faisant attention à ne pas
tomber. A l’étage, je me trouvai devant une porte de bois. Je l’ouvris et découvris par terre
une cravache, posée sur une armoire une bombe et, dans un vieux cadre, la photo d’un
cheval de course.
Et c’est ainsi
que moi, Lucas Thomsa, grand Jockey, découvrit à l’âge de 12 ans une maison à l’abandon, dont l’ancien propriétaire était lui même un des plus célèbres jockeys de tous les temps, sans deviner que cette découverte serait décisive pour ma vie future.
Commentaires
Alors là, Loupiote, tu m'épates de plus en plus ! J'attends ton prochain texte avec une grande curiosité.
Quel sens de la narration ! bises !